Voyage en Laponie Finlandaise

Raid Urho Kekkonen 2024
 

Samedi 24 février : Siulanruoktu - Hammaskuru

Pour éviter la boucle qui relie le refuge au fond la vallée, j’emprunte une descente un peu sévère, quasi parallèle à l’escalier. C'est osé, surtout avec une pulka aux fesses mais ça le fait ! Sylvie préfère la sécurité...
 
Durant plus de quatre kilomètres nous remontons le lit de la rivière et suivons la trace de nos prédécesseurs repérées hier.

Là où j'aurais bifurqué pour me diriger vers Hammaskuru, je constate qu’ils ont continué dans la même direction comme s’ils allaient à Tammikamppa. En partant de Tahvontupa cela fait au moins 25 kilomètres ; je doute un peu.
En consultant la carte je vois qu'il y a un autre affluent plus loin qui permet aussi de rejoindre la direction d’Hammaskuru.
Comme il fait très doux, donc que la neige est humide et collante, nous choisissons de rester dans leur trace, qui effectivement bifurque un peu plus loin.
 
Compte tenu des conditions de neige et du genou de Sylvie, nous préférons suivre la trace sans avoir à faire la nôtre. Mais comme ils ont choisi l’itinéraire le plus direct nous ne passerons pas, comme il y a dix ans, par la belle combe menant à Hammaskota.


Le ciel gris et nuageux rend l'étape peu attrayante d'un point de vue esthétique sauf à un endroit où la rivière dégagée est propice à une séance photos.
 
D’après mes observations et compte tenu des marques d’hésitation que je constate, j’imagine que nos prédécesseurs ont dû faire la trace. Sur la fin, je serais même prêt à parier qu’il faisait nuit quand ils sont passés car ils ont multiplié les petits virages entre les arbres, des petites montées et descentes qui avec la visibilité auraient pu être évitées.
 
 
Environ deux kilomètres avant l'arrivée Sylvie casse un bâton qu'elle avait déjà plié lors d'une chute quelques centaines de mètres auparavant ; nous en avons un en secours dans la pulka ce n’est pas très grave.
Ce qui l’est nettement plus, c’est qu’un peu plus loin une de mes fixations s'arrache ; je n’ai rien senti venir, pas de flottement entre la chaussure et le ski mais tout d’un coup, c’est comme si la fixation s’était ouverte, sauf qu’elle n’est plus sur le ski mais bien fixée à la chaussure ! 
 
Je n’ai bien évidemment pas de ski de secours sur la pulka : trop lourd, trop encombrant.
Qu’allons-nous faire ? Impossible de marcher, sans ski ma jambe enfonce jusqu’à la cuisse.
Sylvie se propose d’aller jusqu’au refuge voir s’il y a quelqu’un qui pourrait me prêter une paire de ski : trop aléatoire et trop long, je décide dans un premier temps de remettre la fixation en place et de resserrer les vis. Trop beau pour être si simple : après une vingtaine de mètres elle se désolidarise à nouveau.
Je ressors le matériel de maintenance dont je dispose et à l’aide de deux colliers rilsan je tente de maintenir la chaussure au ski. Avec une longe, Sylvie m’aidera à la traction.
Nous progressons lentement mais surement bien que mon pied glisse petit à petit jusqu'à arriver à la spatule. A deux reprises, j’ajouterai quelques tours de scotch que les carres sectionneront facilement.
Nous arrivons finalement à 16h30 dans un refuge désert. La partie libre a été utilisée la nuit précédente par des personnes ayant écrit sur le cahier venir de Luirojarvi ; ceux dont nous avons suivi la trace ayant dû dormir dans la partie réservable, ce qui est logique puisqu’à au moins quatre ils constituent un groupe et ne doivent, en théorie, pas utiliser la partie ouverte.

Je laisse là mon "enquête" car notre seule préoccupation est maintenant de savoir ce qu'il convient de faire.
 
Je n’ai pas idée de la cause précise de cet arrachement mais comme la plupart du temps en cas d’accident ou d’incident cela résulte de la conjonction de plusieurs événements.
Aujourd’hui avec le poids de la neige sur et sous mes skis, les contraintes étaient importantes (mais ce n’est cependant pas la première fois).
Il y a eu aussi une chute un peu violente lorsque dans une descente ma pulka a percuté un arbre et nous a stoppés net.
La structure du ski est peut-être un peu trop légère à cet endroit. Y a-t-il eu une infiltration d'eau qui avec l'action du gel et du dégel a fragilisé le vissage ?
Je ne saurai jamais.
 
Je n’ai pas emporté de colle époxy et ne peut donc pas effectuer une réparation solide. C’est un tort : il faudra l'ajouter sur la liste du matériel pour les saisons suivantes.
 
Si nous faisons demi-tour, il nous faudra trois journées de ski pour regagner le parking.
Si nous allons à Kiilopaa je pourrai certainement faire réparer le ski au centre de ski de fond mais il faut aussi au moins trois jours pour y parvenir.
A Saariselka où il y a un magasin de sport il faut compter quatre jours. Autant dire qu’on est un peu dans la panade !
Ce lieu ne me porte pas chance mais je prends ça avec philosophie car cela s’est toujours arrangé ensuite :
- En 2011, j’arrive au refuge dans un état fébrile et dors tout l’après-midi, je suis en pleine forme le lendemain.
- En 2014, entre Hammaskuru et Luirojarvi, la tige métallique à l’avant de la chaussure casse d’un côté, je bricole avec du fil de fer et moyennant quelques réajustements cela tiendra les dix jours nécessaires à terminer notre raid.
De quoi plutôt voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide !
Je ne suis pas du genre à me laisser abattre. De plus, mon métier consistait à résoudre des pannes ou à trouver une solution pour rendre le service dans les meilleurs délais. Je me mets donc à fouiller le refuge et le local à bois à la recherche de quelque chose qui m’aiderait à réparer, au moins de façon provisoire.
Je trouve 2 cartouches que j'espère être du mastic colle (difficile à décrypter puisque les indications sont danois norvégien suédois et finlandais). N'ayant pas de pistolet j'utilise un bout de bois pour pousser le fond de la cartouche ; il en sort une pâte noire qui ressemble à du goudron d'étanchéité pour toitures. Je crains que ça ne fasse pas l'affaire car à mon avis cela va rester souple. Faute de mieux je passe une partie de la soirée à faire une mixture de petits morceaux de bois et de goudron que je bourre dans les trous avant de revisser la fixation ; elle passera la nuit au chaud en espérant que cela prenne…
 

Longueur étape 12,8 Durée de l'étape 7h10 Durée hors pauses 5h40 Dénivelé positif 185
Altitude de départ 225 Altitude maxi 390 Altitude d'arrivée 325 Dénivelé négatif 85

 

        Dernière modification le 03/05/2024

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