Voyage en Laponie Finlandaise

Raid dans le parc national Uhro Kekkonen


Dimanche 20 mars : Hammaskuru - Muorravaarakka (Carte)

Réveillé à sept heures après une bonne nuit, tout semble rentré dans l'ordre. Plus de courbatures : je suis frais et dispos pour l'étape qui nous attend.


Muorravaarakka ou Anterinmukka comme initialement prévu ?
Sylvie craint de s'engager plus vers l'est ce qui allongerait le raid d'une journée.
Malgré les petites étapes effectuées jusqu'à présent nous sommes dans les temps et avons l'autonomie pour ça.
Mais le choix de madame est prépondérant : nous optons pour Muorravaarakka.
Mon plan indique quinze kilomètres mais cette fois la pancarte plus optimiste en donne treize !
 


Sur la carte il y a effectivement une option plus courte mais avec plus de dénivelé. Nous aviserons en fonction des traces... Le ciel est couvert et les sommets avoisinants ont la tête dans les nuages. Il fait -11° avec du vent que nous aurons heureusement de dos.

Cette fois les chiens négocient bien le départ, ça fait plaisir.



   
Petit à petit, nous montons en altitude et la végétation se fait de plus en plus rase. L'ambiance est particulière, nous avons vraiment l'impression d'être au milieu de nulle part.
Taïga nous interroge :
- "On va vraiment par-là ?"
- "T'inquiète pas ma fille. Même s'il n'y a
aucun panneau indicateur entre les refuges on sait où on va."
 


Il est vrai que carte, boussole et GPS sont les bienvenus.

Comme elle continue à hésiter, Ilouliak et Sylvie prennent le relais en tête.
Le col est facilement atteint, mais la descente est chaude. Ce n'est pas très pentu, mais la faible visibilité nous empêche de distinguer les variations de neige qui est tantôt glacée, sculptée ou accumulée.


   
Sans compter qu'il faut slalomer entre la végétation !
Puisque Sylvie ne se sent toujours pas de descendre avec un chien, je prends les deux et comme je l'ai déjà dit, en descente, ils tirent systématiquement !
C'est "sportif", mais j'aime ça. Il faut juste que je reste un peu plus en dedans que d'habitude, histoire d'éviter une blessure...
 
 
 

Nous rattrapons une vallée et remontons tranquillement vers un autre col. Le ciel encore couvert passe par différentes nuances de gris dont nous apprécions également la beauté.

Les chiens sont devant et tirent ensemble la grosse pulka. On n'y comprend rien : du jour au lendemain ils sont redevenus efficaces et disciplinés. Ça ne nous empêche pas d'être vigilants.


Pour preuve : arrivés au col, j'aperçois des rochers et il me semble que ça bascule dans une combe étroite. Il faut les stopper rapidement.



   
Je m'approche avec prudence suspectant une corniche.
Il y a un effectivement un beau ressaut de 5 à 6 mètres. C'est jouable mais il vaut mieux chercher une autre solution.
Je laisse Sylvie et part en reconnaissance.

Pour elle, le temps parait long, elle ne pense pas à remettre une épaisseur avant que le froid ne la gagne. Et voilà tout d'un coup son moral qui en prend un coup. Elle se met à gamberger : "et si on se perd, et si on se blesse, et si ..."
Ah les femmes ! Cette fois je suis moins délicat et la remet un peu en place.
Il m'est parfois difficile de conjuguer son envie de sécurité et mon besoin d'Aventure !

Je pense qu'on aurait pu s'amuser à passer la corniche en faisant un rappel avec les cordelettes et les longes en notre possession ! Mais comme je suis raisonnable, on est passé par le petit monticule à notre gauche.

Ici, le temps change rapidement. De ce point de vue, on pourrait se croire en Bretagne !
La venue du soleil et les traces de motoneige retrouvées rassurent Sylvie...



J'ai de nouveau attelé les chiens à la grosse pulka, Sylvie joue la chienne de tête et je ferme la marche avec la petite pulka.



   

Je suis étonné des capacités de Taïga pour la traction : malgré ses grandes pattes, elle sait parfaitement baisser son centre de gravité et s'arc-bouter dans le harnais pour exploiter toute sa puissance.

Dans l'effort, elle prend un volume qui rend Ilouliak ridiculement chétif. Il est vrai que Monsieur s'économise et bande très peu ses muscles !

Tout comme les chiens, nous avons trouvé nos marques. Sans nul doute, cette étape constitue un tournant dans notre petit raid : nous sommes apaisés et pouvons pleinement profiter des paysages. Nous admirons la végétation et particulièrement ces arbres qui poussent en vrille.







Un "Camp Fire" original annonce la proximité du refuge.
Le lieu est superbe et avant le rituel habituel (allumage du feu, déchargement des pulka, corvée d'eau, etc...), nous faisons le tour du propriétaire.

Après le pique-nique que le soleil et l'absence de vent ont rendu fort agréable, nous distinguons à travers les arbres une brèche impressionnante. Au début je me demande si ce n'est pas un effet d'optique car jusqu'à présent, les montagnes étaient plutôt arrondies.


 

Il y a une ancienne et jolie hutte datant de 1953 (qu'il faut réserver), mais nous nous contenterons de notre classique refuge avec d'un côté la partie libre (Autiotupa) et de l'autre la partie réservable (Varaustupa)

Pendant que Sylvie va se reposer et dessiner, le beau temps et les sommets proches m'appellent.

Si le panneau indique seulement 16 km jusqu'à Luirojarvi et 10 jusqu'à Sarvioja c'est que l'itinéraire passe par ce fameux col ! Raison de plus pour rechausser les skis.

Evidemment aucune trace ne part dans cette direction depuis le refuge. Je longe un peu la vallée dans l'espoir de... Mais rapidement je comprends qu'il va me falloir affronter la profonde.

Une demi-heure pour parcourir le premier kilomètre et m'élever de seulement vingt mètres ! Mes skis que je trouve presque trop longs pour nos contrées sont ici bien trop courts : ils ne portent pas assez.
Je m'évertue à trouver un cheminement qui m'offre un peu de rendement, mais je mets quarante minutes à parcourir le second kilomètre. Satisfaction quand même : je me suis élevé de cent mètres !


J'ai en ligne de mire la sortie de la forêt et suis persuadé qu'au dessus, la neige soufflée m'offrira davantage de portance.

Je l'atteins juste avant 17h30, heure limite que je m'étais fixée. Au-delà, il n'aurait pas été raisonnable de continuer.


   
En forêt, il y a au moins un mètre de neige mais en altitude c'est beaucoup moins, tout est soufflé, ce qui doit permettre aux rennes de trouver plus facilement les lichens.


   
Dès lors, il me faudra seulement trente minutes pour gravir les deux cent cinquante mètres de dénivelé qui me séparent du col.


   
Je contemple rapidement le panorama puis attaque la descente car il serait un peu compliqué de descendre à la frontale.
J'enchaîne de beaux virages tout en restant prudent car je suis seul. Mes skis relativement courts et pourvus de carres me le permettent sur cette portion.
A quand des skis télescopiques ?

Une fois arrivé en limite de la forêt, je décide de ne pas emprunter mon itinéraire de montée qui serpente, mais de tirer le plus droit possible en pleine pente. Avec un peu de chance, malgré l'enfoncement de mes skis, je devrais quand même avancer sans trop d'efforts. La tactique se révéle bonne tant que la pente reste suffisante.

La nuit n'est pas encore complètement tombée lorsque je regagne le refuge mais Sylvie commençait à être très inquiète. Il est vrai que j'avais été assez vague sur ma destination et le temps que je comptais partir. Mais bon après 26 ans de mariage, elle devrait commencer à me connaître et savoir que j'aime bien aller voir toujours un peu plus loin !

 
 

Longueur étape 13,4 Durée de l'étape 5h00 Durée hors pauses 3h20 Dénivelé positif +225
Altitude de départ 325 Altitude maxi 445 Altitude d'arrivée 250 Dénivelé négatif -300


 

    Dernière modification le 17/04/2011

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