Pyhä Luosto du 20 au 23 mars 2014
Etapes 3 et 4
Samedi 22 mars : Pyhälampi - Kapusta - Huttuloma (10,6 km) (Carte site ou jpg)
La nuit fut étoilée et ce matin le thermomètre affiche -14° dehors et 6° dedans.
Cette nuit, Sylvie a eu froid et a mal dormi. En attendant que la température remonte grâce au poêle que j'ai allumé, elle prend son petit déjeuner au lit.
Ces abris de jour (DTH) sont moins bien isolés, surtout au niveau du sol et du toit que les OWH (Open Wildernes Hut (cabane de pleine nature non réservable)).
Alors que nous prenons notre petit déjeuner, une dameuse passe sur la piste de fond toute proche. Ils ne sont pas en grève ou alors c'est qu'ils assurent un service minimum ! Nous sommes en début de week-end et peut-être y aura-t-il un peu plus de skieurs sur les pistes.
Afin de traverser la Pyhäjoki par le pont, nous quittons Pyhälampi en empruntant la piste fraîchement damée sur une centaine de mètres ; avant d'attaquer l'ascension du Latvavaara que la piste contourne.
Avec les chiens, il est rare de pouvoir observer des animaux plus de quelques secondes. Aujourd'hui, après avoir vu l'envol d'une femelle tétras reconnaissable à sa couleur marron (alors que le mâle est noir), nous avons la chance de contempler un lagopède et de le prendre en photo.
A l'abri derrière quelques branchages, il nous a lui aussi observé jusqu'à ce que nous nous décidions à reprendre notre progression.
Le ciel s'est couvert et la neige a refait son apparition. Après une courte halte au laavu de Porontahtoma nous continuons toujours hors-piste jusqu'à la DTH de Kapusta où nous avons dormis hier. Nous y déjeunons et poursuivons jusqu'à l'OWH de Huttuloma par le Huttutunturi gravi avant hier.
Il neige à gros flocons et la visibilité est réduite : nous décidons de stopper là en espérant que le ciel sera dégagé demain ; donnant ainsi un intérêt supplémentaire à l'ascension du Pyhätunturi (prononcez Puhatountouri puisqu'en finlandais le "y" se prononce U et le "u" se prononce OU (tout comme le "j" se prononce Y comme dans yoyo)). Vous suivez ?
Eh oui ! Mine de rien c'est important !
Par exemple : vous croisez un finlandais qui vous demande d'où vous venez. Vous lui indiquez un lieu distant de seulement quelques kilomètres ou une grosse ville. Eh bien, s'il vous regarde l'air interloqué et interrogateur vous pouvez être sûr qu'en plus de l'accent, vous avez raté quelque chose dans la prononciation !
En fin d'après-midi, nous avons justement la visite d'un finlandais d'un abord assez "brut de décoffrage" comme dirait Sylvie, mais qui s'est révélé sympathique et instructif au fil de la discussion.
Il s'est d'abord un peu moqué de nos petits skis ; les siens font 2m80 et il en a une paire de 3 mètres. Il nous a fait remarquer qu'avec cette neige exceptionnellement transformée (période de pluie à Noël et douceur) ça pouvait aller mais qu'en temps ordinaire nous ne pourrions pas sortir facilement des pistes. Ce en quoi il n'a pas tort.
Il a ensuite remarqué que nous avions des peaux dont il ne voyait pas bien l'utilité. Quand je lui ai dit que pour gravir les tunturis en tractant une pulka cela était indispensable, il en a convenu mais a ajouté que lorsqu'il voulait gravir un tunturi, il laissait sa pulka en bas et la reprenait au retour. C'est effectivement une façon de voir les choses mais j'ai insisté en disant que cela permettait des étapes sympas comme Luirojarvi-Murovaarakka par le Sokosti.
Alors là : le Sokosti avec une pulka au cul ça l'a bien fait marrer et il a dit que nous étions complètement fous !...
S'il venait dans les Alpes, j'imagine qu'il ne sortirait pas la pulka de sa voiture !
Mon propos n'est pas péjoratif mais nous n'avons simplement pas les mêmes référentiels ni la même culture.
La conversation a ensuite dérivé sur les arbres puisque Sylvie était justement en train d'en croquer un.
Tuomo avait l'air d'en connaître un rayon. Il nous a détaillé les différentes espèces de bouleaux que l'on trouve en Finlande et leur localisation. Nous avons appris que le visakoivu qui est une espèce arbustive et noueuse, ne se vend pas au m3 mais au kilo et qu'il est utilisé pour la confection d'objets de luxe comme les tableaux de bord de certaines voitures.
Nous avons aussi parlé de ces arbres qui ne poussent pas en hauteur à cause du poids de la neige mais qui sont cependant très vieux (200 à 300 ans).
Puis des kelos (vieux pins vrillés) dont seulement l'extérieur est tors. Ce sont des arbres d'environ 200 ans qui une fois morts restent encore sur pied durant un siècle !
Vient l'heure pour lui de reprendre le chemin de son domicile. Nous nous séparons avec une invitation à venir prendre un thé chez lui à la fin de notre périple.
Dimanche 23 mars : Huttuloma - Noitatunturi - Kimaselkä (12,6 km) (Carte site ou jpg)
Le jour se lève de plus en plus tôt et moi aussi. Je jette un œil dehors : génial, il fait beau !
Pour notre dernier jour de randonnée en Finlande de cette année, la chance nous sourit mais encore faut-il savoir la saisir. Aussi, je précipite Sylvie hors du lit de sorte qu'il n'est pas encore huit heures lorsque nous quittons le refuge en direction du Noitatunturi qui est le point culminant du parc (540 m).
Petite brume, lumière rasante et arbres givrés nous y allons gaiement. J'aime la Finlande et aujourd'hui, elle me le rend bien.
Rapidement et facilement, nous prenons de l'altitude.
Au fur et à mesure que les arbres se font plus rares, le panorama s'offre à nous.
Puis nous retrouvons avec plaisir l'ambiance de la haute altitude.
Vue sur une carte ou depuis la vitre d'un véhicule, la Finlande peut paraître plate et monotone. Mais pour qui prend le temps de la découvrir et de l'explorer, il n'en est rien. Pour preuve entre la première et la dernière de ces quatre photos il y a seulement 45 mètres de dénivelé et 800 mètres de distance parcourue en un petit quart d'heure !
Les arbres sont pétrifiés et nous figés par la beauté de ces sculptures naturelles.
Au loin, les nuages encerclent le sommet de Luosto.
Nous contournons les départs de gorges qui descendent en face sud.
La visibilité est bonne : pas de risque de tomber dedans...
Enfin pour l'instant car les nuages qui ont longtemps stagné au pied des montagnes finissent par gagner de l'altitude.
Plus rapides que nous, ils nous rejoignent vingt mètres sous le sommet mais ne gâchent pas notre plaisir.
Par contre, dans le brouillard, la descente est délicate. Le GPS s'avère très utile pour éviter deux grosses gorges qui barrent le passage vers la cabane de Karhunjuomalampi où nous faisons une petite pause.
Nous parcourons à vive allure sept cents mètres de piste de ski de fond qui nous font perdre soixante-dix mètres de dénivelé puis tentons de trouver avec une réussite assez moyenne un cheminement à travers bois pour rejoindre la voiture où nous parvenons vers midi trente.
Une fois prêts à reprendre la route vers le sud, nous tentons d'aller saluer notre nouvel ami finlandais qui hélas n'est pas présent à son domicile.
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Dernière modification le 06/04/2014 |