Hammastunturi Wilderness Area
Ivalojoki 2016
La Wilderness Area d'Hammastunturi est situé entre le parc national Urho Kekkonen et le parc national Lemmenjoki.
Cette zone a eu une histoire colorée dans les deux derniers siècles. Elle a longtemps été l'une des plus grande zone forestière sans route de Finlande, les élevages de rennes y ont été très nombreux et elle a vécu une ruée vers l'or conduisant des centaines de personnes à vivre dans le village de Kultala le long de la rivière Ivalojoki.
Cette zone d'or a été officialisée par une expédition envoyée par le Sénat en septembre 1868. La véritable ruée vers l'or a été causée par 2 kg d'or, qui ont été trouvés en quelques semaines à la fin de l'été en 1869 par deux hommes, Jakob Ervast et Nils Lepistö.
C'était donc une région que nous étions tentés de découvrir depuis quelques années. Les renseignements glanés par-ci par-là n'étant pas très enthousiastes (difficultés de progression à prévoir, intérêt limité, refuges vétustes et mal isolés, etc...), nous avions chaque fois abandonné l'idée.
Comme 2016 fût l'année de l'improvisation, nous nous sommes lancés, estimant que pour se faire sa propre idée rien ne valait une petite incursion. La plupart des refuges de cette zone étant concentrés sur les rives de l'Ivalojoki, c'est par cette rivière que nous avons choisi d'y pénétrer.
Jeudi 17 mars : Tolonen - Ritakoski (17 km)
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Nous rejoignons Tolonen, terminus de la route qui passe derrière l'aéroport d'Ivalo et devant quelques fermes faisant l'élevage de rennes. Nous demandons l'autorisation de laisser la voiture ici pour plusieurs jours à la seule personne que nous trouvons et qui ne parle pas un mot d'anglais !
Nous nous engageons sur la rivière Ivalojoki où les traces de motoneige sont nombreuses. Heureusement, nous n'en croisons que très peu.
Le vent souffle toujours très fort mais en contre partie, nous avons un ciel bien dégagé donnant de belles couleurs à la rivière.
A midi, nous déjeunons au refuge de Louhioja, petite cabane rustique où je tiens tout juste debout sous le faîtage. Elle est située en rive droite, quarante mètres au dessus du lit de la rivière.
Après un peu de lecture, d'écriture et une sieste, nous reprenons notre progression sur l'Ivalojoki jusqu'au refuge de Ritakoski.
C'est ici que Heikki Kivekäs, l'un des plus célèbres chercheurs d'or finlandais s'est installé vers 1910.
Il a construit une maison, une écurie et une étable, dégagé des terres pour l'agriculture, mis en place un moulin à scie et une usine de rabotage. Malgré tout, il devait être un peu bandit et a fini ses jours en prison...
Le bâtiment principal de Ritakoski a été rénové pour les randonneurs. Il est assez vaste et ne se réchauffe que très lentement... mais sûrement grâce au poêle installé dans la cheminée.
Le site est agréable et la proximité de la rivière facilite le ravitaillement en eau.
Vendredi 18 mars : Ritakoski - Pahaoja (13 km)
Chouette, il y a encore du soleil !
Nous continuons à remonter la rivière qui se rétréci légèrement. Sans les chiens qui nous permettent de maintenir une bonne allure, nous trouverions peut-être la progression monotone.
Des vestiges nous confirment, si besoin est, que nous sommes dans une région historique de la recherche aurifère.
Plus loin, au confluent de la Sotajoki, un panneau signalétique installé par Metsähallitus nous informe sur l'histoire de la région.
Un peu plus en amont, sur les hauteurs de cet affluent, il y a un petit refuge (Liljeqvistin) pour deux personnes qui d'après le site nationalparks.fr n'est accessible que de juin a septembre. Cela nous intrigue et nous décidons d'aller en reconnaissance sans les chiens ni la pulka.
Après avoir parcouru six cents mètres sur la Sotajoki et trouvé un passage pour gravir la rive, nous le trouvons facilement.
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Il est effectivement petit (env 5m²). Il y a un poêle mais pas de bois ou alors enfui sous la neige (pas de bois non plus au camp fire situé au confluent).
Encore plus petit, voir même minuscule, le second bâtiment, en partie enfui sous la neige est censé être un ancien sauna !
Nous avions prévu de remonter l'Ivalojoki au moins jusqu'à l'ancien village de Kultala construit par l'état en 1870 afin de contrôler et d'administrer la recherche de l'or.
Mais le petit bout de progression ludique que nous venons de faire sur la Sotajoki nous a donné envie de poursuivre ainsi et donc de quitter l'Ivalojoki.
La progression jusqu'au refuge de Pahaoja est très agréable et à priori non dangereuse par les conditions actuelles.
Peu avant d'arriver, nous passons devant quelques vestiges de l'époque héroïque.
La compagnie Lapin Kulta Oy avait construit ici une base en 1925 mais peu d'or a été trouvé.
Est-ce la cause de sa fallite en 1927 ? Quoi qu'il en soit, ce nom vous dit peut-être quelque chose : une brasserie finlandaise, Tornion Olut Oy, a acheté le droit d'utiliser le nom en 1969.
Le refuge de Pahaoja est assez ancien, il n'y a pas de gaz ni de poêle mais tout de même une cheminée.
Puisqu'il n'est que 15h30, je décide d'aller explorer plus en amont voir à quoi ressemblent les deux autres refuges que j'ai sur mon plan.
Le premier (Sotajoki), conformément au pictogramme est un refuge à louer. D'après ce que je peux voir par la fenêtre, il est très propre et très bien aménagé.
Le second (Moberjinoja) n'est pas très reluisant.
Plus grand que Pahaoja, il n'a ni gaz ni poêle. Sa cheminée est en mauvais état et la propreté laisse à désirer.
D'autres baraquements et divers bric à brac partiellement enfuis sous la neige me font supposer qu'à la belle saison des amateurs viennent ici retourner le sol dans l'espoir de trouver la pépite de leur vie !
Je retrouve la mienne collée à la cheminée. Elle me confirme que celle-ci est conforme à ce qu'on pouvait en attendre : on se brûle à 40 cm et à un mètre, l'eau gèle. De ce fait, on se réchauffe plus à couper du bois qu'à rester devant !
Nous dînons rapidement près du foyer puis allons nous blottir dans nos sacs de couchage.
Samedi 19 mars : Pahaoja - Louhioja (15,4 km)
Sylvie avait prévu une journée de repos (son épaule est toujours très douloureuse) et moi un grand tour à ski sans pulka ni chiens pour retourner explorer l'Ivalojoki et ses villages de chercheurs d'or. Cependant, comme les qualités thermiques du refuge sont désastreuses et que Sylvie se voit mal passer la journée blotie dans son duvet à tourner les pages d'un livre ou a dessiner avec des mouffles, nous changeons une nouvelle fois de plan : nous décidons de retourner à Louhioja par la montagne. Sur la carte, cela semble réalisable quitte a rallonger le parcours si certaines pentes sont trop abruptes ou si la neige est trop profonde. La journée qui s'annonce ensoleillée se prête à l'aventure...
![]() Une sortie de vallon délicate. |
![]() Une traverséee hasardeuse ![]() Une descente osée dans un autre vallon. |
Au bout du compte, ce fût une étape agréable où le plus délicat aura été la descente vers le refuge de Louhioja sur de la neige croutée.
Dimanche 20 mars : Louhioja - Tolonen (11 km)
Après une nuit passée dans ce petit refuge facile à chauffer, nous retournons à la voiture par l'Ivalojoki. Les chiens ont senti l'écurie et les 11km sont avalés en 1h25 !
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Conclusion : Notre incursion dans cette zone chargée d'histoire fût un peu brève pour en tirer des conclusions définitives. J'ai tout de même l'impression qu'en hiver, la progression hors de l'Ivalojoki n'est pas si difficile que cela et que l'on peut s'inventer de multiples itinéraires en variant les paysages et les plaisirs. Comparativement aux refuges que nous avons déjà fréquenté en Finlande, ceux-ci sont moins confortables (vétusté et chauffage précaire). Leur situation géographique limite les itinéraires possibles si l'on n'est pas disposé à dormir dans la neige ou sous une tente. N'est-ce pas Sylvie ?
Dernière modification le 10/05/2016