Raid dans le parc national Uhro Kekkonen
Jeudi 21 mars : Muorravaarakka - Sarvioja (Carte)
On pouvait s'y attendre, je suis réveillé de très bonne heure (5h30). Un coup d'œil par la fenêtre m'indique que ce n'est pas terrible : ciel gris et petite chute de neige.
Je me lève, allume le feu, vais vider ma vessie et retourne dans mon sac de couchage. J'arrive à traîner jusqu'à 6h45 puis me lève définitivement pour déjeuner de bonnes tartines de confiture.
Nous jetons de fréquents coups d'œil par la fenêtre. L'apparition épisodique d'un timide rayon de soleil accompagné d'un patch de ciel bleu maintient l'espoir mais c'est finalement sous les flocons que nous quittons le refuge.
Avec les peaux et aidés par les chiens qui sont en forme après leur nuit à l'intérieur, nous avalons la pente assez facilement.
Sylvie ressent de plus en plus une douleur aux côtes, conséquence de sa chute lors de la seconde étape, mais suit sans broncher.
Petit à petit la forêt se fait moins dense et le col se dessine dans les nuages. Sylvie est agréablement surprise que nous en soyons déjà aussi proches.
J'avais envie de parcourir cet itinéraire depuis plusieurs années mais mon épouse y était jusqu'à présent très réticente. Cela lui paraissait être quelque chose de difficile, voire d'inaccessible.
Au fil des années et après notre raid "montagnard" de Kilpisjärvi, elle semble finalement avoir pris de l'assurance quant à ses capacités et sur mes facultés à ne pas l'entraîner dans une galère.
Une fois à découvert, la neige fine soulevée par le vent nous cingle le visage.
De magnifiques rennes dont un tout blanc se reposent au pied d'un arbre. Nous profitons d'être sous le vent pour les approcher...
avant qu'ils ne fuient devant l'insistance de nos chiens à vouloir en faire de la chair à saucisses.
Taïga fait la grève et refuse de s'approcher davantage de cette corniche. Vous allez penser qu'elle est intelligente et flaire le danger.
Que nenni, il suffirait de la présence d'un renne pour court-circuiter ses neurones et qu'elle s'y lance sans réfléchir !
Nous remontons dans cet impressionnant goulet qui ressemble à un gigantesque pipe.
Pour l'anecdote, regardez la traduction que donne google.translate de pirunportti qui est le nom de ce col !
A 10h15, après un passage entre de gros blocs nous avons vue sur l'autre versant.
En étudiant le tracé sur la carte, j'avais imaginé pouvoir suivre les lignes de cotes pour rejoindre un collet puis basculer vers Sarvioja.
Petite erreur d'évaluation : le dévers est trop important pour le négocier et il faut déjà descendre un peu pour finalement remonter.
Sylvie qui n'est pas à l'aise sur cette neige dure et sculptée préfère me confier son chien. Le plus difficile à gérer dans ce dévers n'est pas l'attelage mais la pulka qui part à plusieurs reprises en tonneau.
En effet, comme le témoigne cette photo, les loulous m'obéissent les yeux fermés malgré les rennes présents sur l'autre versant.
Ah ça y est elle arrive enfin notre maîtresse.
Arrivés dans le vallon, nous faisons une pause pour ôter les peaux une nouvelle fois gardées à la descente, et en profitons pour manger quelques pâtes de coin et quelques figues séchées.
Nous avons attaché les chiens à un arbre et comme à son habitude, Taïga a fait du tricot avec sa longe qu'il faut démêler avant de repartir.
Malgré la température assez douce, Sylvie est frigorifiée et quelque peu dans le cirage... Mais ne veut pas me laisser tout faire et s'en charge.
Hélas, quand on n'est pas en forme, on fait souvent des bêtises et celle-ci aurait pu être lourde de conséquences :
Au lieu de démêler calmement et méthodiquement, elle tire sur la longe amortisseur.
Je vois venir le coup mais au moment où je lui crie "NON" ça se décoince et elle prend le mousqueton juste au-dessus de l'œil. Ceci cumulé avec la douleur aux côtes et la fatigue, déclenche les sanglots.
Ilouliak est très sensible à cela et se dresse sur ses pattes pour lui faire des léchouilles.
Les trois derniers kilomètres s'effectuent sans encombre dans l'environnement plus paisible d'une forêt de pins et avec la présence de quelques rayons de soleil.
Nous séjournons pour la troisième fois à Sarvioja et n'avons donc pas besoin de chercher l'endroit idéal pour puiser de l'eau.
A 12h30 nous sommes assis à la table du refuge pour déguster notre pique-nique. Sylvie s'accorde ensuite un peu de repos dans son duvet pendant que je fais quelques menues réparations à la bâche de la pulka.
Le reste de l'après-midi s'écoule paisiblement.
Personne n'arrivera et nous serons une nouvelle fois seuls dans le refuge.
Longueur étape
11
Durée de l'étape
3h20
Durée hors pauses
2h30
Dénivelé positif
+335 Altitude de départ
250
Altitude maxi
550
Altitude d'arrivée
280
Dénivelé négatif
-305
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Dernière modification le 11/06/2013 |