Raid Urho Kekkonen 2024
Mercredi 21 février : Vieriharju - Peskihaara
Ce matin, il ne fait plus que moins 13° et le ciel est couvert.
Depuis le pont, je fais quelques photos de la rivière ; bien qu’en couleur, elles paraissent avoir été prises en noir et blanc.
Nous attaquons notre étape hors piste par une petite combe montante peu ou pas fréquentée hormis par les rennes comme en témoigne la présence de nombreuses traces.
Avec la pulka lourdement chargée, ce n’est pas une mince affaire que de contourner les obstacles et de sortir des trous lorsque la neige s’effondre sous les skis !
Mais je suis motivé car je me souviens que la montée est courte et que 500m après le sommet, après avoir viré à gauche, nous devrions retrouver la clôture à rennes et probablement une trace de motoneige d'éleveurs.
Finalement cette trace est ancienne et pas terrible mais nous rejoignons le refuge de Mantoselka, distant de 5km, vers midi. Les températures sont encore remontées durant la matinée et l’humidité ambiante qui en découle n’est pas agréable. Il fait meilleur dehors que dedans et nous pensons à tort qu'une fois le poêle allumé, le refuge montera vite en température.
Avec le delta de température inversé, le tirage est mauvais ; nous perdons donc beaucoup de temps à démarrer le feu et à l’entretenir si bien que nous ne repartons pas avant 14h30. L’itinéraire est simple, nous l'avons fait en sens inverse il y a dix ans : il suffit de regagner la clôture, de la franchir et de la longer.
Hors cette année il n'y a pas de trace le long et nous avançons donc très doucement, d'autant plus qu'il y a un mamelon à franchir avant de rejoindre une vaste plaine.
L’heure tourne et la visibilité décroît. Dans cette plaine, je perds mes repères et ne peux me fier qu’au GPS qui n'est plus de toute jeunesse : il s'éteint de nombreuses fois dès que j'actionne un bouton ! Cela me conduit à faire une grossière erreur de navigation qui rallonge notre trajet d’au moins 500m. Dans l’absolu ce n’est rien mais à la vitesse où nous progressons dans cette neige qui porte très mal cela fait une demi-heure !
A quelques reprises, nous croisons des traces de motoneige, la tentation de les suivre est importante mais devons les abandonner car au final elles nous éloignent de notre destination. Cela revient à tirer des bords et nous perdons encore du temps si bien que lorsque nous rejoignons enfin l’entrée du vallon qui en 2 km doit nous amener à Peskihaara il fait nuit. Deux kilomètres ce n’est rien mais si notre vitesse de progression reste la même, nous n’y serons que dans 2 heures !
La plaine est derrière nous et nous progressons maintenant en milieu moyennement boisé, mais cela ne change hélas rien à la portance de la neige. Même si elle le cache, je sens que le moral de Sylvie décroit. Cela ne l’empêche pas de faire preuve de bonne volonté en me proposant de faire la trace, mais elle ne tiens pas plus de 50 mètres !
A un kilomètre du refuge, je décide d'abandonner la pulka. Au lieu d’enfoncer jusqu‘aux genoux, je n’enfonce plus que jusqu’aux chevilles et ça change tout. En vingt minutes nous sommes à Peskihaara. Sylvie s'occupe d’allumer le feu et de commencer à faire fondre de la neige pendant que je retourne chercher la pulka. Avec deux passages dans la trace, le retour avec la pulka se fera assez facilement et je serai à nouveau près de Sylvie 35 minutes plus tard.
L’étape devait être relativement facile et n’avait pas marqué nos esprits 10 ans plus tôt ; preuve que les conditions du moment influent beaucoup sur l’aventure. Aujourd’hui, elle a été longue et éprouvante aussi bien physiquement que moralement.
Après le repas, nous nous couchons et nous endormons sans avoir le courage de lire.
Longueur étape
13,9
Durée de l'étape
11h25
Durée hors pauses
6h15
Dénivelé positif
140 Altitude de départ
255
Altitude maxi
305
Altitude d'arrivée
280
Dénivelé négatif
115
Dernière modification le 23/04/2024