Raid Urho Kekkonen 2024
Dimanche 25 février : Hammaskuru – Luirojarvi
J'ai évidemment passé une nuit moyenne entre sommeil et cogitation sur la marche à suivre.
Il ne fait pas plus beau que les jours précédents, même si la température est légèrement en dessous de zéro.
Impossible de savoir si la réparation va tenir sans essayer. Nous décidons de poursuivre en direction de Luirojarvi où nous avons d’avantage de chance de croiser quelqu’un qui pourra nous aider à résoudre mon problème de fixation.
L'étape étant relativement descendante et tracée par une motoneige, je décide de partir sans les peaux. Ça fait du bien de glisser un peu et comme au fil des kilomètres, la réparation semble tenir, j'ai un regain d'optimisme.
Hélas tout d'un coup, comme hier, alors que je relance mon pied en avant le ski se désolidarise de ma chaussure. Je me suis réjoui trop tôt !
Comme la piste est suffisamment dure je pourrais poursuivre à pied les huit kilomètres qui nous séparent du prochain refuge mais je préfère mettre en œuvre un nouveau bricolage afin de tester sa fiabilité. Hier, lors de ma réparation de fortune, j’avais retiré la fixation afin de ne pas agrandir d’avantage les trous. Cette fois, au point où j’en suis, je vais maintenir la fixation au ski en laissant les vis dans les trous ; ceux-ci vont s’agrandir mais feront un arrêt longitudinal et latéral. Pour éviter que les rilsans ne frottent sur la neige et ne se cisaillent trop vite, je remets les peaux.
Quelques timides éclaircies nous laissent entrevoir les tunturis tout proches mais pas le Sokosti qui est le point culminant du parc avec ses 715m d’altitude !
Nous arrivons au refuge vers quinze heures.
Les rilsans ont tenu le choc mais cela ne pourra durer très longtemps.
Je vais jusqu’au refuge destinés aux gardes et aux équipes de maintenance mais il n’y a personne.
Le refuge principal de 16 places n’est occupé que par 4 Tchèques. Je leur explique mon problème mais ils n’ont qu’un petit tube de colle qui ressemble à de la néoprène. A mon avis, elle restera trop souple pour refixer correctement ma fixation ; il faudrait une colle époxy. Je préfère ne pas sectionner mes rilsans car il ne m'en reste que 4 (avec aussi 2 courroies de cale-pieds, du fils de fer et des ficelles).
Mon côté optimiste me fait penser que poursuivre notre périple comme prévu sans aller-retour à Kiilopaa est jouable. Mais Sylvie ne partage pas mon enthousiasme.
Nos caractères diffèrent : je ne crains pas le risque mesuré et je me dis que la chance ou la réussite sourit plus souvent aux audacieux... Sylvie est plus raisonnable et n'a pas le goût du risque, même mesuré !
Nous aimerions connaître les prévisions météo mais cela fait quelques jours que nous ne captons pas de réseau et ne pouvons donc pas les consulter. Sur le lac, nous obtenons une barre mais bizarrement cela ne semble pas suffire pour obtenir une connexion Internet. Nous parvenons tout de même à joindre l’un de nos fils qui regardera à notre place. Mauvaise nouvelle : le temps doux couvert et neigeux est encore annoncé durant les sept prochains jours...
Pas de quoi avoir le moral au beau fixe ; mais cela fait partie de l’Aventure !
A quoi bon aller faire réparer les skis si ce n'est pas pour ensuite reprendre notre tour qui devait dès demain passer par les sommets ?
Nous refaisons le tour des hypothèses :
- Si nous allons jusqu’à Saariselka, je pourrai certainement faire réparer les skis mais cela implique des moyens de transport avec correspondances pour rejoindre notre voiture garée à Kemihaara (130km jusqu’à Sodankyla puis 90km jusqu’à Savukoski en bus puis encore 110km de taxi jusqu’à Kemihaara). Cette solution nous semble trop chronophage et coûteuse, nous l’abandonnons.
- L'aller-retour à Kiilopaa (ou Saariselka) juste pour faire réparer les skis représente entre 60 et 70 km de ski (dont 35 avec le rafistolage de la fixation). Il faudra y rester au moins 24h le temps que la réparation sèche. Il faut donc compter un minimum de cinq jours. Si le temps s’améliore d’ici là, nous pourrions reprendre notre tour via les sommets, à condition de pousser jusqu’à Saariselka pour nous ravitailler en nourriture.
- Si nous repartons directement vers Kemihaara, il faudra que le rafistolage tienne 60km (4 étapes).
- L’ultime choix consiste à s’engager dans la suite de notre tour via les sommets, perdus dans les nuages, avec un rafistolage qui je l’espère tiendra jusqu’au bout (80km - 6 étapes). J’avoue qu’avec les dénivelés positifs et négatifs, les réparations de fortune que je pourrai accomplir auront plus de chance de lâcher ; de plus il est peu probable que l’évolution du temps contredise les prévisions…
La décision n'est pas encore complètement prise, nous allons cogiter durant cette nuit et aviseront demain matin.
Longueur étape
14,7
Durée de l'étape
4h35
Durée hors pauses
3h30
Dénivelé positif
35 Altitude de départ
325
Altitude maxi
335
Altitude d'arrivée
285
Dénivelé négatif
75
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Dernière modification le 05/05/2024 |