Voyage en Laponie Finlandaise

Raid dans le parc national Uhro Kekkonen


Lundi 21 mars : Muorravaarakka - Jyrkkävaara (Carte)

Ce matin le thermomètre affiche -5°, il neige à gros flocons et nous estimons qu'il en est tombé une quinzaine de centimètres durant la nuit.

Lorsque nous débutons l'étape vers neuf heures, notre objectif n'est pas clairement défini : soit nous irons plein nord jusqu'à Jyrkkävaara soit nous bifurquerons vers l'ouest aux deux tiers du parcours pour rejoindre Sarvioja. Nous déciderons le moment venu.


L'étape est relativement longue mais présente peu de dénivelé. Cependant, nous comprenons rapidement qu'elle ne sera pas facile : la trace de motoneige a disparu sous la neige et la largeur relative de la vallée accentue la difficulté à la trouver.

Au prix de gros efforts, nous pourrions passer hors trace mais pour les chiens ce serait mission impossible. Dès qu'ils en sortent, ils brassent dans cette poudre blanche et l'on ne peut manifestement pas compter sur un quelconque instinct de leur part pour la deviner.

C'est donc moi qui passe devant à sa recherche et j'avoue que l'exercice me procure un certain plaisir. Je maintiens mes sens du toucher (skis et bâtons) et de la vue parfaitement en éveil. Je m'imagine à la place du conducteur de la motoneige pour deviner les choix de trajectoire et évaluer les rayons de courbure.
Si je n'ai pas gagné à tous les coups, je pense ne pas m'être trop mal débrouillé. Lorsqu'il m'est arrivé à quelques reprises de perdre la trace ou de partir sur une portion dure qui n'en était pas une, je ne me suis pas énervé et j'ai soit fait demi-tour, soit parcouru une perpendiculaire par rapport à la direction pour la croiser et la reprendre.



Le choix des responsables de ce parc de ne pas mettre de panneau ni de marque sur les arbres entre deux refuges donne ainsi un peu plus de piment à ce raid.

Une autre difficulté a ralenti notre progression :
La nette remontée des températures a rendu la neige très humide dans cette vallée faisant botter nos skis. Je profite donc de la pause déjeuner pour leur passer un petit coup de fart qui améliorera bien la chose.

Dans l'après-midi, nous croisons un groupe de trois Finlandais avec qui nous échangeons naturellement quelques mots sur nos itinéraires respectifs et les conditions rencontrées. Ils tractent de petites pulkas et viennent de Kiertämäjärvi par une coupe que je n'avais pas repérée sur la carte.
Nous progressons plus aisément durant un kilomètre en empruntant leurs traces. C'est toujours ça !

Nous arrivons au croisement où il nous faut faire un choix de destination pour l'étape mais aussi d'itinéraire pour la suite du raid.
Pas plus de trace vers l'ouest que vers le nord; Mon GPS indique 7 km pour rejoindre Sarvioja et 5 km pour Jyrkkävaara.
Je suis indécis et Sylvie préfère l'option la plus courte.

Le refuge n'est pas situé dans la vallée mais légèrement à l'est, trente mètres plus haut. Il nous faut donc trouver le cheminement qui y monte.
A un kilomètre et demi du but, nous nous engageons sur une trace récente de motoneige. Je constate qu'elle prend trop dans la pente mais j'imagine que c'est pour ensuite suivre les courbes de niveau. Je préfère cependant partir en reconnaissance.
La motoneige a continué pleine pente, escaladé quelques rochers puis est redescendue au milieu d'innombrables traces de rennes. Nous sommes vraisemblablement sur une trace d'éleveurs puisque je vois même une carcasse récemment dépecée.
Je rejoins Sylvie et les loulous et nous retournons sur le chemin initial, la bonne montée doit être plus loin.
Les malas sont nerveux, ils sentent le gibier. Nous apercevons des rennes sur notre droite et sur notre gauche. Les chiens dont la vue est moins précise se fient aux odeurs. Heureusement pour nous, comme elles viennent de tous les côtés ils continuent à tirer relativement droit sur la piste.

Après huit bonnes heures de cheminement, nous arrivons enfin au refuge.
Les rennes sont très proches et ont retourné la neige tout autour.
Comme nous n'avons pas envie de laisser les chiens s'exciter et de prendre un risque de fugue, nous décidons de les rentrer.

Comme d'habitude, je joue la "Cosette" et vais à la quête de l'eau. Sur le petit étang en contrebas, deux branches plantées indiquent le trou. Après avoir dégagé la neige, il me faut la hache pour percer la couche de glace qui s'est reformée depuis sa dernière utilisation.

Lorsque l'eau apparaît, une odeur d'œuf pourri me monte au nez. Je remonte quand même mon seau pour demander l'avis de Sylvie : nous allons faire fondre de la neige...

Nous nous faisons une nouvelle soirée crêpe. Ilouliak et Taïga auront chacun la leur, ils ont bien mérité leur ration et quelques gourmandises. Surtout Taïga qui s'est illustrée en tirant seule une pulka toute la journée. Elle a enfin compris ce qu'on attendait d'elle et fait preuve de plus en plus de puissance.
Sa seule fausse note de la journée est un bain alors qu'on passait près d'un trou d'eau. Incapable de résister à l'envie de s'en approcher malgré nos ordres réprobateurs, le bord s'est effondré sous son poids.
Elle en est rapidement sortie d'elle même sans y entraîner la pulka !
Si elle n'a pas eu l'instinct pour éviter ce genre d'incident, elle l'a eu pour se sécher puisque aussitôt sortie, elle s'est roulée dans la neige pour absorber l'eau et sécher plus rapidement.
Ça fait un partout avec Ilouliak à qui c'était arrivé lors de notre première sortie à Nurmes.

 
 

Longueur étape 22 Durée de l'étape 8h15 Durée hors pauses 6h00 Dénivelé positif +30
Altitude de départ 250 Altitude maxi 250 Altitude d'arrivée 185 Dénivelé négatif -95

NB : l'étape ne fait que 16 km mais nous en avons effectué 22 à cause des différentes errances et reconnaissances.


 
 

    Dernière modification le 20/04/2011

Haut

Site motorisé par    ZitePLUS 0.9.1                   Connexion    ---     Déconnexion