Raid dans le parc national Uhro Kekkonen
Mercredi 14 mars : Muorravaraakka - Hammaskuru (Carte)
Encore au chaud dans le duvet, je jette un coup d'œil par la fenêtre. Il fait beau : ciel bleu et montagne blanche, super !
Je songe que les conditions sont idéales pour emprunter les traces du Finlandais et rejoindre Luirojärvi par la montagne en une journée au lieu de deux par les vallées.
Mais n'étant pas comme lui en solitaire, je ne veux (peux ?) imposer mes envies à Sylvie, bien que persuadé qu'en terme de dépense physique ce serait plus économique.
Madame a déjà puisé dans ses réserves physiques et morales pour me suivre jusqu'ici et je dois faire attention à ne pas pousser le bouchon trop loin.
Nous sommes prêts les premiers et partons sur les traces de " l'homme des montagnes " comme l'a surnommé Sylvie.
Lorsqu'elles bifurquent vers le Sokosti je dois retrouver une neige portante ce qui n'est vraiment pas facile.
Après quelques essais infructueux, je ne peux m'empêcher de lancer à Sylvie :
- Ce serait plus simple de suivre ses traces...
- Vas-y puisque tu y tiens. Dit-elle avec un air défait et résigné.
Dire les choses telles que je les pense est dans ma nature. Hélas, les mots et la tonalité que j'utilise ne sont pas toujours diplomatiques...
- Oui j'ai envie, oui je crois que c'est plus simple, oui si j'étais seul j'irais. Mais non nous n'irons pas puisque toi tu n'en as pas envie et tu que n'y es pas prête psychologiquement.
- Ah bon. Fait-elle soulagée.
Les Tchèques nous rejoignent et Jan m'aide dans la recherche d'une ancienne trace portante. Avec leurs skis de fond étroits et dépourvus de carres, ils n'envisagent pas de passer par la montagne.
Nous composons avec les pseudo anciennes traces recouvertes de neige et parfaitement invisibles. Lorsqu'on en sort, on a de la neige jusqu'au genou. Malgré la trace faite par nos compagnons Tiens Pavlina a mis un ski à côté de la trace !
Ça parait simple à suivre, mais il y a des portions de neige portante qui ne sont pas des traces. Elles ne mènent sur rien ou parfois si, contre un arbre !
Il faut alors repartit à 90° d'un côté ou de l'autre pour tenter de retrouver la continuité de neige dure.
Pour agrémenter le tout, nous devons parfois franchir des ponts de neige fragiles, ce qui inquiète Taïga !
tchèques, les chiens enfoncent grave !
L'entente est très bonne et nous formons une équipe efficace : l'un comme l'autre savons lire une carte et la corréler avec le terrain. Nul besoin de beaucoup discuter, nous sommes rapidement d'accord sur les orientations. C'est plaisant.
Nous avançons ainsi, lentement mais sûrement, en direction d'un petit col. Dès notre sortie de la forêt, nous retrouvons une neige plus dure facilitant la progression. Evidemment la pente nous oblige à mettre les peaux, alors que nos compagnons utilisent la technique de montée en canard !
La partie terminale du col est infranchissable en ski à cause de gros blocs mais négociable par un mamelon à droite.
Il est plus de midi, pour nous Français, la pause repas est sacrée et nécessaire. Les Tchèques prennent seulement un petit encas et repartent devant. Je leur montre sur la carte qu'il y a ensuite deux possibilités : soit passer par un petit col soit joindre deux vallées.
Après le repas, nous reprenons leurs traces. Pour moi, la progression est aisée et j'ai bientôt nos amis en point de mire. Mais Sylvie peine et les chiens l'épuisent plus qu'ils ne l'aident. Je stoppe, modifie la composition de nos équipages et tente de réduire mon allure.
Plus loin, nous retrouvons une trace de motoneige qui ravie Sylvie. Seulement voilà, après seulement un kilomètre elle continue à descendre la vallée au lieu de bifurquer vers le col. A mon avis, il n'y a pas photo, plutôt que de continuer à descendre celle-ci puis à en remonter une autre, il est plus judicieux de passer par le col.
Et puis, je l'avoue, j'ai envie de reprendre de la hauteur pour contempler le paysage. Comment donc annoncer à Sylvie qu'il va falloir quitter la trace confortable de la motoneige ? D'autant plus que les Tchèques l'ont suivie !
J'essaie d'être diplomate et étonnamment elle semble également préférer cette option.
J'allège sa pulka, nous fixons les peaux sous les skis et en avant vers le col.
Je choisis au mieux les trajectoires pour passer sur de la neige soufflée et éviter les accumulations tout en gérant le pourcentage de pente à gravir afin que Sylvie n'explose pas !
Quelques photos et nous voilà déjà au col.
Il est souvent difficile d'évaluer les distances dans le grand blanc. Cela parait souvent plus loin que ça ne l'est...
Après une courte descente, nous rejoignons l'autre vallée. Sylvie est satisfaite de l'option et heureuse de retrouver ces affreuses traces de motoneige.
Par contre, aucune trace du passage de Pavlina et de Jan. Notre option était bien la plus rapide. Je le fais remarquer à Sylvie et lui dis :
- Tu vas encore leur chauffer le refuge.
En effet, ils arrivent quarante cinq minutes après nous. Le feu ronronne dans le Jotul, trois seaux d'eau ont été rapportés du ruisseau et nos affaires sont installées.
Longueur étape
14,7
Durée de l'étape
6h25
Durée hors pauses
4h20
Dénivelé positif
+280 Altitude de départ
250
Altitude maxi
440
Altitude d'arrivée
325
Dénivelé négatif
-180
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Dernière modification le 13/04/2012 |