Voyage en Laponie Finlandaise

Raid dans le parc national Uhro Kekkonen
 

Dimanche 11 mars : Porttikoski - Sarvioja (Carte)

Nous nous sommes levés tôt : la seule certitude que nous ayons est que l'étape sera longue et très certainement difficile.
Notre destination reste incertaine. J'aimerais relier Sarvioja mais Snellmaninmaja pourrait servir de joker. Nous verrons une fois les quatre premiers kilomètres d'itinéraire commun effectués.
Les traces des deux Finlandaises croisées hier sont presque invisibles. Le vent et la neige ont fait leur travail pour que notre journée soit pimentée. 

J'ai retrouvé les sensations que j'avais éprouvées l'an passé dans la poursuite des traces quasi invisibles. C'est un plaisir procuré par la conjugaison de plusieurs sens maintenus à un haut degré d'éveil : la vision qui permet de distinguer de faibles indices (légers bourrelets non naturels), le toucher par l'intermédiaire des bâtons et des skis (pour éprouver la dureté de la neige), l'intuition pour deviner la logique des trajectoires.
Il ne faut pas perdre le fil et ceci nécessite une grosse concentration. Pas question de laisser son esprit vagabonder à diverses pensées comme il est parfois agréable de le faire sur un chemin tout tracé.

Il ne nous faut guère plus d'une heure pour arriver à la bifurcation en suivant la vallée. Le plus dure reste à faire mais c'est encourageant.
Soit nous attaquons la remontée d'un affluent puis le passage d'un col en direction de Sarvioja, soit nous poursuivons vers l'aval pour rejoindre Snellmaninmaja.

Je demande à Sylvie, qui complétement indécise, me répond :
- Fais ce que tu as envie.
- Bien, alors on tente Sarvioja.

Au sens près, c'est l'étape à laquelle on a dû renoncer l'an dernier après une reconnaissance matinale du col.

Durant deux kilomètres la vallée reste assez large. Les traces ont été balayées mais nous progressons assez bien.


 
Quand elle se rétrécie et commence à se redresser c'est l'inverse.
   
   

   
   
La trace de nos prédécesseurs réapparaît mais la progression devient lente car il faut contourner de nombreux obstacles (3 km en 2h).
 

Elle bifurque en direction du col plus tôt que je ne le pensais. Nous la suivons car elle nous aide, nous motive et nous évite une montée trop raide.
Au fur et à mesure que nous grimpons, la forêt devient moins dense, laissant au vent le soin d'effacer la trace que nous suivons.


 
Nous avons parcouru deux kilomètres en une heure trente. A vol d'oiseau, nous sommes à seulement huit cents mètres du col et il ne reste que cent mètres de dénivelé à gravir. Nous avons l'impression de toucher au but, ce doit être l'histoire d'une demi-heure...
Mais la progression devient de plus en plus difficile. Nous avançons par bons de cent mètres : je dois effectuer un premier tassage de la neige sans pulka que je reviens chercher avec le reste de l'équipe.
Nous jouerons à ce petit jeu durant deux heures avant d'atteindre le col.
Pour y être déjà venu, je sais que la vue est superbe mais hélas aujourd'hui la météo n'est pas favorable.
 
 


      
 
Tout le monde est exténué.

Je sais qu'en remontant la crête sur encore un bon kilomètre nous trouverons un passage dans une zone déboisée facilitant la descente. Ce serait probablement le meilleur choix mais la mine déconfite de Sylvie et des chiens me pousse à basculer directement sur l'autre versant. Comme je m'en doutais, les arbres font rapidement leur réapparition et compliquent la descente : une demi-heure pour descendre cent mètres !

Arrivés dans la vallée, une mauvaise surprise nous attend : nous pensions y trouver une bonne trace de motoneige, il n'en est rien.
Sylvie est démoralisée, il fait presque nuit et elle pense qu'elle va devoir dormir dehors. Je la rassure, il reste à peine trois kilomètres avant le refuge, l'itinéraire est évident et j'ai la trace GPS de l'an dernier. C'est juste une question de patience, il faut prendre son temps, ne pas s'énerver pour ne pas s'épuiser.
A un kilomètre du but elle n'en peut plus et les chiens ne parviennent pas à tirer sa pulka que nous décidons d'abandonner temporairement.


 
Cette étape aura duré dix heures. Sylvie est soulagée mais extrêmement fatiguée. Les chiens aussi je crois !

Pendant qu'elle allume le feu et prépare un bon gros plat de pâtes, je remonte chercher la pulka abandonnée.

Une bonne dose de Génépi finira de nous achever !
 
 
 
 

Longueur étape 17,3 Durée de l'étape 9h55 Durée hors pauses 7h20 Dénivelé positif +260
Altitude de départ 170 Altitude maxi 420 Altitude d'arrivée 280 Dénivelé négatif -150

 


 

    Dernière modification le 07/04/2012

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