Voyage en Laponie Finlandaise

Raid dans la Käsivarsi Wilderness Area
 

Vendredi 8 mars : Pihtsusjärvi - Halti (Carte)

Encore au chaud dans nos sacs de couchage, nous entendons le vent souffler. Le givre nous empêche de voir correctement par la fenêtre : je me lève et mets le nez dehors. Aie ! il souffle du mauvais côté, cette fois, ce sera notre tour de l'avoir de face.
La visibilité est très mauvaise mais je n'ai pas d'inquiétude car la piste qui mène au Halti est très bien balisée et l'étape pas très longue.

Pour éviter que la neige soulevée par le vent ne remplissent nos pulkas, nous devons les charger dans le sas du refuge.
Puis équipés de nos masques et cagoules nous partons affronter la tourmente.

Nous n'utilisons pas d'équipement "Hight-Tech", seulement des choses simples, éprouvées et en bon état... Sauf mon vieux masque qui est fendu.
Cela provoque aujourd'hui la formation d'une couche de givre à l'intérieur si bien que je dois faire une grande partie de l'étape sans ; ne le remettant que quand mes yeux crient au secours.

Aujourd'hui, les chiens font le strict minimum. Ils semblent perturbés par ce fort vent de face et font parfois demi-tour. Nous faisons avec.
 
A cause du vent et des cagoules nous ne pouvons dialoguer qu'en criant. Nous ne pouvons non plus admirer le paysage. Alors nous occupons nos esprits comme nous pouvons :
 - Sylvie, certainement parce que moins à l'aise dans ces conditions, se laisse peu aller, elle compte machinalement les piquets du balisage, puis comme ils ne défilent pas assez vite, se met à compter ses pas !
 - Je pars dans des considérations philosophiques, alimenté par un passage du livre de Josef Schovanec :

"Chaque être humain a son univers, son monde intérieur, et s'il ne l'avait pas ce serait extrêmement triste. Il est toutes sortes de tentatives dans notre monde moderne de mettre fin à ce jardin intérieur, une pression publicitaire, médicale, économique de cette parcelle non productive, cette perte de temps, cette anomalie. Je trouve assez désastreux ses effets ultimes.",
Je pense aussi à d'autre projets et m'imagine en train de commenter le diaporama de notre périple...

Sylvie me fait sortir de mes songes, elle croit avoir distingué le refuge. Un coup d’œil au GPS indique encore deux kilomètres : on ne risque pas de le voir !
Je la sens tendue, il est vrai qu'on nous a mis en garde contre les tempêtes fréquentes dans cette région mais j'estime qu'on est loin de conditions réellement extrêmes. Le vent n'est pas assez violent pour nous empêcher d'avancer et la neige qu'il soulève ne nous empêche pas de respirer.
Je regrette simplement de ne pas voir les paysages mais quelque part je suis content car ces conditions météo apportent un peu de piment à notre périple.

Le balisage nous conduit directement sur le refuge qui est spacieux et accueillant. Nous y sommes à 11h30. Il n'a pas été occupé depuis deux nuits et le thermomètre intérieur indique -10°. Vu son volume, je fais remarquer à Sylvie qu'il va falloir pas mal de bois et de temps pour le chauffer. Comme je sais qu'il en existe un second plus petit situé à 200 mètres, je me propose d'y aller en reconnaissance.


Lorsque je ressors, la visibilité s'est améliorée et je n'aurai pas besoin du GPS pour le localiser.
 

   
J'y suis rapidement, il est petit et en très bon état : c'est parfait.
 

   
Je retourne chercher le restant de l'équipe et nous faisons une série de photos pour tenter d'immortaliser ces conditions.
 

   

   

   
Evidemment, les photos ne rendent pas complètement l'ambiance.
Il manque le mouvement de la neige ainsi que le bruit mais ça donne un aperçu.
 

Il fait -11° à l'intérieur. Le poêle peine à démarrer, les rafales de vent refoulent la fumée et nous devons ouvrir la porte pour ne pas nous asphyxier !
Une fois monté en température, le tirage redevient normal et il n'y aura plus de souci.

Avec cette météo, c'est inutile de monter au sommet du Halti, il reste à espérer qu'il fera beau demain...


Mais comment occuper cet après-midi ?
C'est simple : il faut dégager les portes des WC et du local à bois,
 

   
fendre des bûches et croyez-moi qu'avec ce vent il n'est pas facile de les faire tenir sur le billot.
 

Puis monter la tente en guise d'entraînement puisque je ne l'ai jamais fait dans de pareilles conditions.
 
Ce fût une expérience riche d'enseignements.
Ayant orienté la tente de façon à être sous le vent pour passer les arceaux dans les fourreaux (un seul sens possible, ils ne débouchent pas à l'autre extrémité), je me suis rendu compte une fois montée que l'ouverture se retrouvait vers le vent !
Je me dis que chez North Face ils auraient pu penser à ce détail qui dans ces conditions n'en est pas un !

La prochaine fois que j'achète une tente je demande à pouvoir tester son montage lors d'un fort mistral !
 

Longueur étape 6,8 Durée de l'étape 2h40 Durée hors pauses 2h10 Dénivelé positif +200
Altitude de départ 745 Altitude maxi 935 Altitude d'arrivée 935 Dénivelé négatif -10

 


 

    Dernière modification le 15/04/2013

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