Raid dans le parc national Uhro Kekkonen
Samedi 8 mars : Hammaskuru - Luirojärvi (Carte)
Le temps est toujours aussi gris et doux ; nous reprenons la piste d'hier jusqu'à Hammaskota puis bifurquons vers l'ouest.
Je repense à la dernière fois où nous étions passés à cet endroit : les arbres étaient givrés et le paysage magnifique ; ce n'est hélas pas le cas aujourd'hui.
Absorbé par mes pensées, je suis machinalement une trace de motoneige, persuadée qu'elle se dirige vers Luirojärvi. Mais au bout d'un kilomètre, le doute m'envahit. J'interroge Sylvie qui me répond que cela fait déjà un moment qu'elle hésite à me demander si je suis sûr d'être sur la bonne piste...
Le GPS confirme mon erreur ; nous décidons de tracer au cap pour rejoindre le bon chemin. Le seul avantage de cette météo pourrie est que la neige transformée nous porte presque aussi bien qu'une trace de motoneige. Evidemment, pour les chiens il n'en est pas de même, surtout pour Ilouliak. On pourrait s'apitoyer mais honnêtement ce dernier est de plus en plus paresseux et nous aide de moins en moins à la traction. Il n'a jamais été très énergique, alors avec l'âge...
On nous demande souvent s'ils sont heureux d'aller dans ces contrées nordiques (leurs lointaines origines) et comment ils le manifestent. Difficile de répondre, je pense tout simplement qu'ils sont heureux d'être avec nous, de sentir de nouvelles odeurs et de s'en parfumer en se roulant dedans. On aimerait que comme nous, ils soient sensibles à la beauté des paysages, à la quiétude des lieux, aux efforts, aux variations de couleurs qui cette année sont des variations de gris ! Mais ce serait faire preuve d'anthropomorphisme...
Nous allons bientôt rejoindre la bonne piste quand soudain, dans un petit dévers, je sens mon pied gauche se désaxer par rapport au ski. La fixation ne s'est pas ouverte mais il y a énormément de jeu.
Je déchausse et l'examine mais ne vois rien d'anormal. Par contre, dès que je porte mon attention sur la chaussure, je me rends compte que la barre métallique est cassée d'un côté. Aïe, on est mal !
Décidément, on a la poisse cette année. Après la casse mécanique de la 406 la veille du départ, la météo pourrie depuis le début du voyage et maintenant le gros problème de chaussure : que va-t-il nous arriver d'autre ?
En tout cas, je n'ai d'autre alternative que de continuer ainsi jusqu'au refuge en m’efforçant de garder le pied bien dans l'axe pour éviter que la barre ne cède complètement.
Tout en progressant, je cogite à une réparation de fortune qui permettrait de poursuivre notre raid mais je ne peux pas non plus exclure de mes pensées, l'idée d'abandonner et de rejoindre la voiture dans laquelle j'ai une seconde paire. J'avoue avoir le moral dans les chaussettes.
Lors de la pause repas, je tente une consolidation à l'aide de colliers rilsan que j'ai dans ma trousse de secours. Mais pas de chance, ça ne tient que cent mètres. Nous poursuivons ainsi.
A l'approche de Luirojärvi, le soleil et le ciel bleu font soudainement leur apparition. Cette bouffée d'oxygène tombe à point ! Nous nous sentons revivre et la progression se fait dès lors avec beaucoup plus d'entrain.
Nous arrivons sur le lac : il ne reste donc plus qu'un bon kilomètre à parcourir.
Derrière nous : le Sokosti qui sera l'objectif de notre prochaine étape. Nous le saluons en espérant pouvoir bénéficier du même ciel bleu lors de son ascension !
Nous passons devant la petite cabane Rajankämppä que nous préférons au refuge principal. Elle est libre.
En pénétrant à l'intérieur, un seau d'eau à moitié plein nous indique l'identité des précédents occupants. Confirmation avec le livre de bord : toujours ces quatre Français.
La réserve de bois dans l'abri dédié est pratiquement vide. Il en est de même au refuge principal occupé par un couple de Tchèques qui ont déjà mis en chauffe le sauna. J'aide à couper du bois et à aller chercher de l'eau puis nous nous donnons rendez-vous à dix-sept heures.
Cela me laisse un peu de temps pour mettre en œuvre une solution que j'ai imaginée afin de consolider ma chaussure.
Je chauffe mon petit tournevis afin de faire des trous dans les crampons et y passe un fil de fer qui fait le tour de la barre cassée pour la maintenir. Il ne reste plus qu'à croiser les doigts en espérant que cela tiendra...
En fin d'après-midi, le ciel s'est à nouveau couvert et la température extérieure reste aux environs de zéro : c'est à peine suffisant pour se refroidir en sortant du sauna !
Longueur étape
16,8
Durée de l'étape
5h20
Durée hors pauses
4h00
Dénivelé positif
+50 Altitude de départ
325
Altitude maxi
335
Altitude d'arrivée
285
Dénivelé négatif
-90
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Dernière modification le 18/05/2014 |