Voyage en Laponie Finlandaise

Raid solo en Laponie
 

Mercredi 15 mars : (tente) - Kotamaja (Carte)

J'émerge à huit heures moins le quart. Manifestement, j'avais besoin de récupérer !  
Pas de givre sur la toile de tente mais de la condensation. A l'intérieur, le thermomètre indique quatre degrés ! Je jette un coup d'œil à l'extérieur : il neige. Sans me lever, j'accède à tout ce qu'il faut pour prendre mon petit déjeuner : à ma droite la nourriture dans ma pulka et à ma gauche côté porte, j'accède au réchaud et à la neige fraîchement tombée pour faire de l'eau.


A neuf heures, une éclaircie m'incite à accélérer ma préparation et à sortir prendre quelques photos.
 

   
Ah oui quand même !
Je ne pense pas que cela va décider Sylvie au camping hivernal ! 
   

   
Et pourtant, c'est assez sympa comme ambiance. Non ?
 
Quarante minutes plus tard l'éclaircie n'est plus qu'un ancien souvenir mais j'attaque avec entrain cette seconde journée de raid. Au bout de deux cents mètres je sens une petite raideur dans la hanche : c'est plutôt bon signe car en principe, c'est au lever qu'elle se rappelle à moi ! (prothèse suite à un accident il y a un an et demi)
 
 

Pour me tenir compagnie, j'ai emporté un lecteur mp3 qui me permet naturellement d'écouter de la musique mais aussi des audio-livres. Ce matin, j'ai choisi "La Bérézina" de l'écrivain russophile Sylvain Tesson. En 2012, accompagné de deux amis français et de deux russes, ils ont choisi à l'occasion des deux cents ans de la retraite de Russie de faire un voyage de mémoire à bord d'engins promettant l'aventure (side-car Oural de fabrication russe). Il s'agit pour eux de "simplement répéter l'itinéraire en mesurant au plus profond de nous la charge de malheur, la somme de souffrances, ce que coûte en chagrin un songe de grandeur et ce qu'il faut de larmes pour réformer le monde." Alors même si j'en chie dans cette montée raide et à cause de la neige qui colle sous mes skis, c'est de la rigolade en comparaison de ce qu'ont enduré ces centaines de milliers de russes et de français.

Bien que seulement vêtu d'une polaire fine, je suis en surchauffe. Mais petit à petit, en prenant de l'altitude et pendant que les arbres se font de plus en plus rares je ressens d'avantage le vent. Après avoir rejoint la crête, je peux descendre directement sur Porokämppä ou continuer l'ascension de ce tunturi. Malgré la visibilité médiocre, je choisis la seconde option en espérant que la météo ne va pas se dégrader d'avantage.
Hélas, Le vent forcit et je remets progressivement des couches de vêtements. Plus je grimpe pire c'est. Je dois sortir la cagoule, les grosses moufles et enfiler avec difficulté mon anorak dont la seconde manche bat au vent. Pendant la manip, un bâton posé au sol se fait emporter, je le bloque in extremis d'un coup de spatule. Tout d'un coup, je me sens tout petit et me dit qu'il est peut-être inutile d'insister sur la crête et de risquer un incident dès les premiers jours.

Pour descendre en ayant à faire le moins de virages possibles, je garde les peaux. L'équilibre avant-arrière est plus délicat et comme je n'y vois pas grand-chose je me fais piéger par un amoncellement de neige. Chute sans gravité mais je casse un brin du brancard de pulka fait en tubes électriques IRL.
 

Arrivé dans forêt, je me régale à slalomer entre de magnifiques statues enneigées.
   

   
Je rejoins la "Day Trip Hut" de Porokämppä où je peux m'abriter pour me rassasier et réparer le brancard.
 

Il est déjà quatorze heures trente lorsque je quitte ce petit refuge. Ma progression est lente dans cette fichue neige humide où faire glisser les skis se révèle impossible. Je m'arrête à plusieurs reprises pour décoller la neige de mes semelles puis y renonce car quelques mètres plus loin l'agglomérat est déjà reconstitué. 
 

                      
J'atteins Pyhäjärvi à l'heure du thé et ne me prive pas d'une halte réparatrice.
 

Dans mes estimations, je comptais faire au moins six kilomètres par heure lorsque j'emprunterais une piste de fond. Avec les conditions météo du moment j'en suis loin : ma moyenne est à peine supérieure à trois.

Comme l'indique la signalétique très fournie dans ce parc, je suis encore à dix-huit kilomètres d'Akäslompolo. J'avais prévu de faire ce détour pour compléter la nourriture apportée dans mes bagages mais ayant peur de prendre du retard dès les premières étapes, je décide de réviser mon choix.
Je tiendrai bien jusqu'à Hetta, il ne me manquera que les produits frais tels que les laitages, les fruits et le pain ainsi que les extras comme les gâteaux secs et le chocolat.
   

 
 
 
J'arrive à Kotamaja vers dix-neuf heures trente et découvre avec plaisir une Kota de conception récente qui ne sent donc pas la fumée. Elle est spacieuse, je suis le seul occupant : ce sera parfait pour faire sécher toutes mes affaires, tente y compris.
 
 
 
 
 

Longueur étape 18,6 Durée de l'étape 10h00 Durée hors pauses 5h10 Dénivelé positif +375
Altitude de départ 240 Altitude maxi 525 Altitude d'arrivée 325 Dénivelé négatif -290

 


 

    Dernière modification le 06/05/2017

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