Raid solo en Laponie
Dimanche 26 mars : Naltijärvi - Vaskolompolo (Carte)
Paradoxalement, j'ai nettement moins bien dormi cette nuit en refuge que la nuit dernière en tente. J'ai de nouveau eu des douleurs au tibia et d'autres sont apparues au poignet droit, certainement à force de pousser sur les bâtons.
En milieu de nuit, je me suis levé pour aller aux toilettes. Il neigeait et en me recouchant, je me suis dit que si cela continuait ainsi, je prendrais une journée de repos.
Lorsque je me lève définitivement, le temps est plus que correct et je décide donc de partir. Je pressens que cette étape sera difficile et cela se confirme rapidement : avec le redoux, la neige porte moins et elle n'est pas loin de coller sous mes skis.
Après quatre kilomètres de légère ascension, j'arrive sur une clôture à rennes. Je dois faire de gros efforts pour porter ma pulka et la faire basculer par dessus.
Par là même, j'entre "clandestinement" en Norvège puisque comme vous pouvez le voir sur la carte : pour aller de Naltijärvi à Vaskolompolo cette incursion de quelques kilomètres évite un détour non négligeable.
Allez comprendre pourquoi, une fois la frontière franchie, le vent se lève...
Mais les surprises ne s'arrêtent pas là. N'ayant ni la carte en ma possession, ni la cartographie dans le GPS, je ne pouvais présager de ce talweg qui me barre la route !
Il faut que je cherche une solution ne m'obligeant pas à un trop grand détour.
Le temps de trouver une portion légèrement moins délicate, le vent a chassé les nuages...
La présence d'un ciel bleu incite d'avantage à prendre quelques risques (plus ou moins mesurés). C'est donc après une descente moyennement maîtrisée que je rejoins le fond, heureusement sans casse.
Je chemine un peu dans le vallon afin de trouver un passage me permettant de remonter sur l'autre versant.
Mon retour en Finlande se fait par un nouveau franchissement de clôture.
J'entre également ainsi dans le parc national Lemmenjoki fondé en 1956, étendu en 1971 et 1982. Avec 2885 km² c'est la plus grande zone forestière sans route de Finlande.
Mes forces sont déjà bien entamées et il me reste encore une douzaine de kilomètres à parcourir sur un terrain où le cheminement se complique à cause de multiples talus.
Arrivé au bord de l'un d'eux, je surprends un renard à dix mètres de moi. Il ne souhaite pas faire connaissance et se sauve rapidement.
Je lui ai fait peur ; il m'a distrait et de ce fait, j'ai abordé la descente trop en biais provoquant le retournement de ma pulka. Rien de bien méchant mais en l'absence de ma coéquipière, je suis obligé de me détacher pour la remettre à l'endroit. Constatant que le fond est un peu abrité du vent, je décide d'en profiter pour faire la pause repas.
Au long des dix kilomètres de l'après-midi (parcourus en 4h30 !), j'ai progressivement perdu le peu de forces qui me restaient.
Quand j'aperçois le refuge, je n'en suis plus qu'à deux cents mètres. Je suis soulagé mais pas arrivé ! Chaque mètre grignoté est une victoire. J'en suis au point d'annoncer à haute voix : aller 150 mètres ... 100 ... 70 ... 50 ... 30 ... 15 mètres ... 10 ... 5 mètres...
Cette fois je peux crier : Vaskolompolo tu ne m'as pas vaincu, c'est moi qui t'ai eu.
Je suis mort mais il me faut encore un peu de courage pour décharger la pulka, allumer le feu, me changer et mettre de la neige à fondre.
Il est déjà 17h45 mais j'ai tellement faim (ou envie de manger) que je me fais un gros goûter. Le temps de consulter mes cartes, il est déjà l'heure du souper. Cela m'achève et à 8h30 je suis couché !
Cette étape aura été celle que j'ai eue le plus de mal à terminer.
Longueur étape
20,7
Durée de l'étape
8h15
Durée hors pauses
6h25
Dénivelé positif
+200 Altitude de départ
395
Altitude maxi
460
Altitude d'arrivée
310
Dénivelé négatif
-285
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Dernière modification le 04/01/2018 |