Plan du site

Utilisation du site

Dernière mise à jour le 29.03.2025

Raid solo en Laponie
 

Vendredi 17 mars : Pahtavaara - Tammikämppäa (Carte)

Les prévisions sont encore justes : retour du mauvais temps dès aujourd'hui !
 
Avant de partir, j'arrange la porte du local à bois : il suffisait d'enlever la neige et la glace du cadre pour qu'elle ferme à nouveau correctement.
J'attaque cette étape par un kilomètre et demi de hors trace puis rejoins celle d'une motoneige qui me conduit à la piste dédiée à ces engins. Quand les conditions de neige ne sont pas bonnes, j'avoue apprécier de les retrouver ; d'autant plus que les conducteurs sont relativement rares et qu'à une exception près durant mes trois semaines de raid, ils sont prudents et courtois.
Cette piste passe devant le refuge de Kuusikonmaa où je m'arrête à treize heures.
Le temps de manger et de faire une sieste, il est déjà quinze heures lorsque je rechausse les skis.

Une piste de fond passant par le sommet du Juuvarova me conduit au refuge du même nom. A cause du dénivelé et d'une neige encore collante, je mets deux heures pour effectuer ces cinq petits kilomètres malgré l'énergie déployée.
 
 

   
Je suis fatigué et le mal de dent qui m'a pris en cours d'étape n'arrange rien. Je fais une pause d'une heure, ingurgite de l'aspégic et de l'efferalgan, puis étudie mes cartes.
A dix-huit heures, alors qu'il eût été raisonnable de m'installer pour passer la nuit, je décide de poursuivre ma course aux kilomètres avec pour objectif un autre refuge distant de trois ou un laavu de six.

Avec le recul, il est évident que durant les premiers jours de ce raid, je me suis inconsciemment mis une pression assez forte.
L'analyse que je fais à posteriori est la suivante : parti sans entraînement, j'ai cherché à évaluer mes capacités physiques du moment. Les conditions peu avantageuses rencontrées n'ont pas permis de très bons résultats en termes de distance journalière et de fatigue malgré la possibilité d'emprunter des pistes de fond. Ceci a induit des craintes comme celle de prendre du retard sur le timing ou plus vraisemblablement (car les résultats n'étaient pas si mauvais) de ne pas prendre d'avance pour augmenter la marge de sécurité que j'avais prévue. La crainte d'avoir sous-estimé la probabilité de rencontrer ces conditions ou de pires, durant une grande partie du raid est également venue me tenailler.

La neige est naturellement toujours collante et je mets cinquante minutes pour rejoindre Tammikämppäa. Deux pulkas et deux grandes paires de skis sont campées contre le refuge.
Je suis trop fatigué pour aller jusqu'au laavu mais je ne me sens pas non plus de discourir en anglais durant toute la soirée. J'hésite puis décide finalement d'entrer.
Deux Finlandais qui étaient déjà couchés se lèvent pour m'accueillir. Ils me font de la place en me disant que le refuge est petit car proche de Muonio puis m'assaillent de questions (en anglais évidemment !) sur ma provenance, les étapes que j'ai faites, où j'ai dormi, où je vais, etc...
Ils sont très avenants au point que je me demande si je n'ai pas une tête de déterré.
Pendant que l'un m'indique les meilleurs clous pour faire sécher mes affaires et remet du bois dans le poêle malgré la chaleur dans le refuge, l'autre va à la rivière faire le plein d'eau.
J'apprends qu'ils sont partis de Hetta il y a six jours et qu'ils prendront demain matin le bus à Muonio pour leur retour. Leur itinéraire est sensiblement celui que je compte prendre mais j'espère le faire en moitié moins de temps !
Ils s'excusent ensuite de se recoucher et probablement de me déranger demain matin par leur réveil à l'aube dû à l'horaire de leur bus. Je me prépare mon repas et mange en essayant de ne pas faire trop de bruit puis rejoins également les couchettes.

Dernière modification le 27/10/2017