Raid solo en Laponie
Dimanche 2 avril : Tolosjoki - Ramakuru (Carte)
Je me réveille à quatre heures et me lève pour un besoin naturel.
Comme avant-hier, j'ai l'impression que la température est très basse. Confirmé par le thermomètre : -21°C.
J'allume un feu pour le fun bien plus que pour réchauffer l'atmosphère car à plus de 20 cm des flammes, on ne ressent aucune chaleur. De nouveau allongé au chaud dans mes sacs de couchage, je les regarde danser et d'un coup je me sens moins seul.
Le sommeil ne reviens pas ; j'ouvre mon livre mais avec les moufles, je peine à tourner les pages ! Alors je prends un copieux petit déjeuner et range mes affaires.
Dormir dehors par ces températures n'est pas très compliqué. Ce qui l'est plus, c'est de quitter ses vêtements de nuit pour enfiler ceux de ski. Ce matin, je sais que je vais peiner à entrer dans mes chaussures. L'humidité quelles contenaient hier soir est passé à l'état solide les rendant extrêmement rigides et froides. J'ai bien tenté de les placer près du feu mais il aurait fallu prendre le risque de faire fondre l'extérieur pour obtenir un effet sur le chausson intérieur qui n'est malheureusement pas amovible. Je pense que le "Zippo" que j'ai laissé à la maison m'aurait été bien utile pour les réchauffer (gaz interdit dans l'avion et pas forcément facile à trouver sur mon parcours).
Enfilées au dernier moment, j'ai espoir d'un réchauffement rapide avec la mise en mouvement. Mais au bout d'un quart d'heure de souffrances, je dois me résoudre à faire une pause pour me masser les pieds. Combiné à l'enfilage d'une autre paire de chaussettes placée au chaud près de mon corps, la circulation revient et je peux de nouveau skier avec plaisir.
Je suis un petit moment la rivière puis emprunte une piste de fond monotrace qui remonte vers Saariselka.
Elle serpente agréablement, tantôt entre des arbres tantôt au fond de petites combes.
J'imagine sa descente difficile car l'espace pour se freiner est toujours réduit. Dans les portions les plus pentues, de nombreuses traces de chaussures témoignent de la difficulté et de la prudence d'un bon nombre de skieurs.
Comme je suis parti tôt je ne croise les premiers skieurs qu'en haut et remarque d'ailleurs que ce sont des femmes...
Arrivé à Saariselka, je me dirige vers la supérette pour effectuer mon ravitaillement. Comme à Hetta, j'abandonne ski, bâtons, et pulka sur le parking mais je suis moins serein car ici, c'est évidemment plus cosmopolite ; j'entends même parler français !
Au diable les kilos (dans la pulka), je me lâche : cinq tablettes de chocolat, trois paquets de gâteaux, un kilo de confiture, du fromage, des fruits, de la charcuterie, du pain, des laitages, etc... Je devrais tenir les trois jours qui me restent !
A mon retour sur le parking, rien n'a disparu et je peux donc me diriger vers le point convergeant des pistes de fond. J'y retrouve subitement beaucoup de monde et cela me change.
La plupart des skieurs se promènent et pratiquent l'alternatif. Ils sont donc assez peu nombreux à me doubler malgré la pulka que je tracte. Il faut avouer que contrairement à eux, moi je suis à fond puisque j'ai fais le plein de carburant et que je n'ai plus de raison de m'économiser.
Au fur et à mesure que je m'éloigne, la grande diversité de pistes du domaine fait que la densité de skieur diminue nettement. A midi, je m'installe à une trentaine de mètres de la piste pour une bonne collation et une sieste non moins bonne.
J'ai eu Sylvie au téléphone et elle m'a annoncé que le beau temps que j'avais n'allait pas durer. Cela m'incite à sortir des pistes et à m'offrir l'ascension d'un tunturi.
Je chemine sur les crêtes et m'offre un thé face au soleil
avant de descendre sur Ramakuru, le petit refuge où nous avions rencontré Michelle à la fin de notre raid l'an passé.
Une fois installé, je vérifie sur ma carte la faisabilité en deux jours de ski, de la boucle que j'ai imaginée.
Cette fois, je suis en mesure de positiver : je touche au but et retrouverai bientôt ma famille au terme d'une cinquantaine de kilomètres au long desquels je vais profiter encore des paysages et savourer l'acomplissement de ce grand raid.
Longueur étape
16,6
Durée de l'étape
9h30
Durée hors pauses
4h25
Dénivelé positif
+325 Altitude de départ
190
Altitude maxi
410
Altitude d'arrivée
315
Dénivelé négatif
-200
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Dernière modification le 08/03/2018 |