Raid solo en Laponie
Jeudi 30 mars : Oahujoki - Taimenjärvi (Carte)
"Connaître des lendemains difficiles". C'est l'expression qui résume certainement le mieux ma situation après la belle mais éprouvante étape d'hier.
Ce matin je manque d'entrain et mes sentiments sont ambigus : Dans moins d'une semaine, je serai de retour en France auprès de Sylvie. Cela me réjouit mais signifie aussi que j'aborde la dernière partie de ce raid. Je devrais positiver, ne pas mettre les choses en opposition mais je n'y parviens pas.
L'énoncé est pourtant simple : je retrouverai bientôt mon épouse au terme de six belles étapes qu'il me reste à accomplir.
Mais justement, je butte sur le choix de ces dernières étapes. Aucune des options que j'imagine ne fait l'unanimité et j'ai peur de gâcher cette fin de parcours. Devant la carte, pour les différentes options, il est facile d'évaluer les distances et le dénivelé ; mais en plus de l'affectif que j'y mets, je dois aussi étudier les possibilités de réchappes en cas de galère. Plus le temps me séparant du vol de retour s'amenuise, plus ma marge de manœuvre pour regagner l'aéroport par un autre moyen que le ski diminue.
Décider seul a été jusqu'à aujourd'hui synonyme de simplicité et de liberté ; c'est à cet instant une contrainte et l'avis d'un partenaire serait la bienvenue.
Au bout d'un bon moment, les deux options que je retiens restent les suivantes :
- 1) Me diriger à l'est vers le Hammastunturi que j'aimerais gravir, puis rejoindre l'aéroport par l'itinéraire empunté en 2009 lors de notre raid en traîneau à chiens. Dénivelé et hors-piste important au début, peu de refuges. Une fois ce choix fait, possibilité de variantes réduites.
- 2) Rejoindre l'Ivalojoki sur laquelle je sais pouvoir avaler les kilomètres en cas de retard (mais je suis actuellement plutôt en avance) ; itinéraire globalement descendant, présence de refuges, possibilité de variantes.
Le temps passe et je n'arrive pas à me décider, il le faut pourtant. Alors cette fois, j'opte pour celle qui m'apporte le plus de confort : sans matelas gonflable (qui est HS) j'ai envie de privilégier les refuges à la tente. Et puis surtout, j'en ai déjà parlé, durant ce raid j'ai un rapport spécial avec la nourriture, un besoin psychologique autant que physique. La seconde option me permettrait un détour par Saariselka où je pourrais une nouvelle fois me ravitailler. J'ai suffisamment de plats principaux pour aller au bout mais il faudrait me restreindre en chocolat, gâteaux secs, pain, confiture, fromage et charcuterie !
Sur ce raid, je consomme presque le double de ce dont j'ai l'habitude lorsque je suis avec Sylvie.
Après toutes ces tergiversations, il est déjà 12h30 lorsque je quitte le refuge.
L'étape est relativement plate et la navigation théoriquement simple. Je rêvasse, pense aux travaux que je vais entreprendre à mon retour, aux randos canoë que j'espère faire bientôt avec Sylvie et les chiens (la rando canoë convient maintenant mieux à Ilouliak, onze ans, que les raids nordiques).
Ma tête est ailleurs alors qu'elle ne le devrait pas encore ; cela occasionne quelques erreurs de navigation qui rallongent mon parcours. Ce n'est pas bien méchant mais de ce fait, je n'arrive à Taimenjärvi qu'à 18h30.
J'ai parcouru cette étape de façon machinale et n'en garde dans ma tête que peu de souvenirs.
Preuve supplémentaire de l'état étonnant dans lequel j'étais, je réalise aujourd'hui que je n'ai pas fait de photo de l'étape hormis celle de l'arrivée au refuge.
Longueur étape
16,9
Durée de l'étape
6h00
Durée hors pauses
4h55
Dénivelé positif
+265 Altitude de départ
310
Altitude maxi
425
Altitude d'arrivée
330
Dénivelé négatif
-245
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Dernière modification le 18/02/2018 |